Vinifier sans soufre : quels gestes, quels risques ?
Produire sans ajout de SO₂ bouleverse trois moments clés de la vinification :
- Réception vendange : pas de grain blessé ; vendange manuelle impérative.
- Fermentation : température et levures indigènes à surveiller. Très peu de macérations longues (souvent 10 à 18 jours).
- Soutirage et élevage : hygiène poussée. Risque principal : la déviation « souris » (goût de noix/rongeur).
À Morgon, ce savoir-faire s’est bâti par essais, erreurs, innovation. Dès les années 1980, Marcel Lapierre, mentor de la “Bande à Lapierre” (avec Thévenet, Foillard, Breton), expérimente des mises en bouteille sans soufre. Son constat est simple : la vigne saine, bien conduite, permet de limiter le SO₂.
Depuis, les outils analytiques ont progressé. Le labo Dubernet, à Montpellier, recense en 2023 près de 120 échantillons de Beaujolais sans soufre : 63% présentent moins de déviations organoleptiques notables que leurs équivalents classiques (source : Syndicat des analystes œnologiques).
Aujourd'hui, la plupart des domaines qui tentent l’aventure pratiquent un tout-petit ajout au moment de la mise, par sécurité (5 à 20 mg/l), loin des doses autorisées. On peut citer le travail de Jean Foillard : sur le millésime 2020, sa cuvée Cote du Py sans soufre atteint à peine 10 mg/l de SO₂ total (source : fiche technique domaine).