Quand déguster un Chiroubles selon son millésime ?
Le millésime, soit l’année de vendange des raisins, est sans doute l’un des éléments les plus déterminants dans la dégustation d’un vin, et le Chiroubles ne fait pas exception. Ce cru est...
Parler de Chiroubles, c’est remettre les pendules à l’heure. C’est expliquer que le Beaujolais, ce n’est pas seulement le vin primeur du troisième jeudi de novembre. C’est un vignoble morcelé, complexe, traversé par des influences multiples, où chaque coteau raconte une histoire différente. À Chiroubles, les vignes grimpent à plus de 400 mètres d’altitude, plantées sur des sols granitiques maigres qui donnent au gamay son éclat, sa tension, sa fraîcheur.
Le Chiroubles, c’est un vin de finesse, de fruit rouge croquant, de violette discrète. Il ne joue pas la carte de la puissance mais celle de l’équilibre. Il s’épanouit entre le granit et le ciel, porté par une viticulture souvent plus exigeante qu’il n’y paraît.
Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est la capacité qu’ont certains vignerons à réconcilier tradition et exigence moderne. Ici, les nouvelles générations reprennent les domaines avec une attention aiguë au sol, aux microclimats, à la biodiversité. Les labours sont plus doux, les traitements plus réfléchis, la vinification plus précise. On cherche à faire moins, mais mieux.
Beaucoup vinifient en levures indigènes, avec peu ou pas de soufre, en grappes entières, en macération semi-carbonique ou en infusion douce. On redécouvre la lenteur, le respect du fruit, l’art de ne pas trop intervenir. C’est ça aussi, le vin vivant. Un vin qui se fait avec, et non contre, la nature.
On ne boit pas un Chiroubles, on boit des Chiroubles. Selon que la parcelle regarde l’est ou l’ouest, que le sol soit plus sableux ou plus compact, que la vendange ait été manuelle ou mécanique, la cuvée racontera une histoire différente. C’est cette richesse que je veux défendre ici. Non pas une vérité unique, mais une mosaïque cohérente de sensibilités.
Ce n’est pas une compétition. C’est une conversation entre vignerons, terroirs et millésimes.
Je ne suis ni journaliste, ni influenceur. Je suis caviste. Et avant cela, œnologue. J’ai vu trop de beaux vins mal compris, trop de bouteilles jugées à la va-vite. J’ai ouvert ce blog pour faire découvrir autrement les crus du Beaujolais, loin des fiches techniques standardisées. Parce que je crois qu’un vin se raconte autant qu’il se déguste.
Ici, pas de critiques à étoiles, pas de classements, pas de buzz. Juste des mots choisis pour parler du sol, du climat, du geste. Et du goût. Ce goût particulier du gamay sur granit, quand il est élevé avec soin, vinifié sans artifice, et bu avec attention.
Il se passe quelque chose dans les coteaux. Une révolution tranquille, menée par des vignerons qui refusent les raccourcis. Ils savent que leur vin n’aura pas l’impact médiatique d’un grand bourgogne ou la notoriété d’un champagne, mais ils s’en moquent. Ce qu’ils veulent, c’est faire juste. Ajuster. Révéler. Et transmettre.
Le Beaujolais est en train de devenir un laboratoire du vin de demain. Accessible mais exigeant. Transparent mais complexe. Ancré mais vivant. Il ne s’agit pas de renier les traditions, mais de les relire à la lumière de ce que l’on sait aujourd’hui.
Sur ce blog, je publie des portraits de domaines, des focus sur certaines cuvées, des éclairages sur les méthodes de vinification, des notes sur les millésimes, parfois des anecdotes de cave ou de terrain. Le tout écrit avec l’envie de partager une passion, et de rendre lisible un terroir parfois trop discret.
Chaque article est pensé comme une invitation à la découverte. Non pas un guide, mais un chemin. Si vous êtes curieux, amateur ou professionnel, ce lieu est pour vous. Si vous aimez les vins précis, sincères, droits, vous êtes à la bonne adresse.
Merci d’être là. Et surtout : buvons bon, buvons vrai.